En 1957, un fameux triporteur a tenu le rôle-titre d'un film français populaire, mais une autre moto tricycle peut être considérée comme un personnage à part entière dans un long métrage italien non moins célèbre, sorti trois ans auparavant : La Strada, premier grand succès du réalisateur italien Federico Fellini.
Lorsque j'ai découvert le kit au 1/35 du "Mototriciclo" Benelli M36 de Model
Victoria, l'image de cette guimbarde
brinquebalante devenue mythique m'est tout de suite venue à l'esprit, avec l'envie de la représenter.
Les informations concernant le film lui-même sont nombreuses et faciles à trouver sur internet, mais le véhicule "réel" étant le résultat d'un bricolage extensif, j'ai dû passer au crible de multiples captures d’écran des différentes scènes pour lister toutes ses particularités. Des "photos de plateau" prises durant le tournage ont par ailleurs été déterminantes pour découvrir les détails de la superstructure bâchée et de son aménagement.
Malgré ces recherches, il a fallu quelque peu interpréter, extrapoler ou deviner ce que les images ne révélaient pas, tout en restant vraisemblable. Mais comme on n'est jamais assez attentif ou patient, on se lance souvent trop vite avant de s'apercevoir qu'on a raté quelque chose. Ainsi, le "Tribiscolo", comme l'avait surnommé Fellini, n'était pas basé sur un Benelli 500 M36, mais sur un motocarro Sertum 500, affublé de roues de Fiat 1100. Il était trop tard pour envisager une modification lorsque je l'ai constaté, et j'ai juste supprimé l'échappement gauche pour approcher l'apparence du "bon" moteur ; globalement, les deux modèles de conception similaire sont d'allure très semblable... et il n'existe pas de kit du Sertum.
NB : j'ai des excuses car l'identification a fait l'objet de discussions d'experts jusque sur des forums spécialisés.
Les images présentées ci-dessous rendent compte des différentes phases de la construction, quoique des modifications sont intervenues au fil du montage en raison d'erreurs / corrections / casses / réparations successives, mais elles donnent une idée de la démarche suivie.
Seuls le châssis et la partie avant de la maquette Model Victoria ont été utilisés, tandis que le reste de la structure a été réalisé en scratch faisant appel à divers matériaux (carte plastique de diverses épaisseurs, fil de cuivre de différents diamètres, récupération de pièces et de chutes de photodécoupe...).
Le montage du kit de base n'est pas à recommander à un débutant, mais reste accessible avec un peu d'expérience (et de minutie). De formes et de dimensions qui m'ont paru justes et finement gravé, il peut bénéficier ça et là d'améliorations par ajout de détails ou par affinage des pièces, mais la plus grosse difficulté pour les brutes dans mon genre reste la fragilité de la résine : j'ai notamment dû remplacer l'essieu arrière par une tige ronde de diamètre supérieur, d'autant qu'aux roues à rayons d'origine ont été substituées celles d'une Fiat 1100 provenant de la même marque, ou plus exactement par des moulages de celles-ci. Le cadre très fin se voit néanmoins renforcé par un gabarit en métal photo-découpé tout à fait bienvenu.
NB : la marque FC Model Trend a également commercialisé à un prix très attractif un kit du M36 imprimé en 3D, mais celui-ci ne se prête guère aux modifications lourdes.
C'est la même Fiat 1100 qui a servi de "master" pour copier ses ailes arrière, par prise d'empreinte / emboutissage d'une feuille de plomb (rigidifiée après coup par une bonne couche de colle cyanoacrylate sur la face interne). Plusieurs essais ont été nécessaires avant d'obtenir un résultat satisfaisant.
Des caisses ont été installées dans des coffrages fixés sous l'arrière de la caisse, a priori toutes d'origine militaire britannique, dont une boîte à munitions B166. Il existe des reproductions en résine de ce type précis, mais comme je n'avais besoin que d'une seule face visible, je l'ai bricolée moi-même.
Des arceaux en fil de cuivre ont reçu des lattes en balsa pour constituer l'armature de la bâche, ainsi que le auvent protégeant le pilote. Les dimensions ont été calculées par application de la règle de trois à partir des images capturées ; la hauteur a sans doute été surestimée de plusieurs millimètres, mais le courage m'a manqué de tout refaire... Par ailleurs, les fils de cuivre - éventuellement martelés pour représenter des tiges plates - peuvent sembler un peu "mastocs" pour l'échelle, mais c'était le sacrifice de réalisme à consentir pour garantir la solidité de la construction ; il me semble que le rendu final n'en pâtit pas trop. Une main-courante a été mise en place sur les flancs (supports en cuivre, tige de styrène vite remplacée par un tronçon de corde à piano, plus rigide).
Différents accessoires ont été rassemblés (issus principalement de la gamme MiniArt) ou fabriqués (mastic bi-composant, carte plastique, fil de cuivre, chute de grappe sculptée au stylo graveur...) - dont plusieurs n'ont finalement pas été retenus - pour garnir l'intérieur de l'habitacle en tenant compte des photos de référence.
Une corne de vache (ou de bœuf ?), une corne de bouc (ou de bélier ?), un fer à cheval (ou à mule ?), un
trépied de bivouac, un clairon, une gourde et une gamelle de l'armée
italienne (sur bases allemandes), un petit chapeau rigolo, une lampe à pétrole (fonctionnelle !)... mais pas de raton-laveur.
Une statuette de félin (panthère ou léopard ?) est venue agrémenter le garde-boue avant.
A ce stade, il était temps de passer à la mise en peinture.
On the road again!
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